L'expression «Jumping the Shark» : Quand le cinéma prend un virage risqué

Dans l'univers du cinéma, il arrive parfois qu'une franchise ou un film prenne un virage si audacieux, si surprenant, que cela marque un tournant irréversible dans l'opinion publique. Cette expression populaire "Jumping the Shark" est née pour décrire ces moments où une œuvre dépasse les limites de la crédibilité et perd le soutien de son public fidèle. Dans cet article, nous allons plonger dans l'origine de cette expression et explorer quelques exemples notables de films qui ont fait le grand saut.

Origine de l'expression : "Jumping the Shark" tire son origine d'un épisode de la série télévisée américaine "Happy Days" diffusé en 1977. Dans cet épisode, le personnage principal, Fonzie, réalise une cascade improbable en sautant par-dessus un requin en ski nautique. Ce moment spectaculaire, bien que totalement déconnecté de l'intrigue et de l'esprit original de la série, marque un point de rupture dans la qualité et la crédibilité de "Happy Days". L'expression "Jumping the Shark" est depuis devenue synonyme d'une décision scénaristique ou créative désespérée qui signe le début du déclin d'une franchise.

Exemples célèbres : Plusieurs franchises cinématographiques ont été victimes du syndrome du "Jumping the Shark", avec des résultats mitigés pour leur réputation. Voici quelques exemples notables :

1. "Indiana Jones et le Royaume du crâne de cristal" (2008) : La célèbre saga d'aventures a connu un nouvel opus après près de 20 ans d'attente. Malheureusement, le film a été critiqué pour son intrigue farfelue impliquant des extraterrestres et des crânes de cristal. Ce virage fantastique a dérouté de nombreux fans de la franchise, marquant ainsi un point de non-retour pour le personnage d'Indiana Jones.

2. "Batman & Robin" (1997) : Après les succès de "Batman" et "Batman Returns", la franchise a pris un virage radical avec ce quatrième opus. Avec des costumes flamboyants, des dialogues ridicules et une atmosphère plus proche de la série télévisée des années 1960, le film a été vivement critiqué pour son manque de sérieux. "Batman & Robin" est souvent cité comme l'un des exemples les plus emblématiques de "Jumping the Shark" dans l'univers des super-héros au cinéma.

3. "Star Wars : Épisode VIII - Les Derniers Jedi" (2017) : Ce huitième volet de la saga "Star Wars" a divisé les fans comme jamais auparavant. Certaines décisions narratives audacieuses et controversées, notamment en ce qui concerne le traitement des personnages emblématiques, ont conduit de nombreux fans à remettre en question la direction de la franchise. Cela a marqué un point de rupture dans l'histoire de "Star Wars" et a alimenté de nombreuses discussions passionnées.

Le paradoxe Fast and Furious

La saga Fast and Furious a pris d'assaut les écrans de cinéma depuis près de deux décennies, en proposant des courses de voitures palpitantes et des cascades impressionnantes. Cependant, au fil des films, la franchise a été accusée d'avoir franchi la ligne du réalisme.

La saga Fast and Furious a commencé modestement en 2001, en se concentrant sur les courses de rue illégales et les vols de voitures. Les premiers films ont été salués pour leurs scènes d'action réalistes et leur amour pour les voitures. Cependant, au fil des années, la franchise a pris une tournure spectaculaire en augmentant l'ampleur et la gravité de ses cascades.

L'expression "Jumping the Shark" peut être appliquée à Fast and Furious à partir du cinquième opus, "Fast 5" (2011), où la franchise a pris un tournant résolument orienté vers l'action. Les voitures ont commencé à s'envoler à travers les immeubles, à sauter entre les immeubles et à traverser des ponts en chute libre. Ces scènes audacieuses ont été accueillies avec enthousiasme par certains fans, mais ont également suscité des critiques quant à leur crédibilité.

Au fil des films suivants, la franchise Fast and Furious a continué à repousser les limites de l'action réaliste. Des scènes telles que la poursuite sur la glace dans "Fast and Furious 8" (2017), où les voitures glissent et s'échappent d'une manière incroyablement improbable, ont suscité des réactions mitigées de la part des fans et des critiques.

Cependant, c'est avec "Fast and Furious : Hobbs & Shaw" (2019) que la franchise a atteint de nouveaux sommets de démesure. Le film a présenté une course-poursuite finale avec des héros sautant d'une falaise et se rattrapant à une corde attachée à un hélicoptère en vol. Cette séquence, bien qu'époustouflante visuellement, a été considérée comme une représentation extrême de l'action sans limite de la franchise.

Là où on arrive à un paradoxe, c'est que la saga Fast and Furious continue d'être un succès commercial, l'évolution de la franchise vers des cascades toujours plus démesurées a conduit à des critiques concernant son manque de réalisme. Certains fans nostalgiques des premiers films regrettent le virage pris par la saga et estiment qu'elle a perdu de son authenticité.

Néanmoins, la franchise a également su attirer de nouveaux fans qui apprécient l'excès et l'extravagance de l'action proposée. Fast and Furious a su se réinventer en embrassant un style de blockbuster survitaminé, offrant une échappatoire spectaculaire à ses spectateurs.

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L'expression "Jumping the Shark" résume parfaitement ces moments où le cinéma franchit une limite, perdant ainsi une partie de son public. Qu'il s'agisse de décisions créatives risquées ou de virages inattendus dans l'intrigue, ces choix peuvent avoir un impact durable sur la réputation d'une franchise. En fin de compte, il appartient aux réalisateurs et aux scénaristes de trouver le juste équilibre entre l'innovation et le respect des attentes du public, afin de prévenir le redouté "Jumping the Shark" et de maintenir l'adhésion des spectateurs.